Un ouvrage bien documenté par un journaliste du Nouvel Obs qui rappelle et éclaire bien des comportements et dysfonctionnements que nous constatons.

La face cachée du Quai d’OrsayLe livre traite surtout des ambassadeurs et de l’administration centrale du Quai. Il évoque plus rarement les consuls qui sont nos interlocuteurs quotidiens. Mais qui d’entre nous n’a pas ressenti cette morgue, cette distance avec laquelle la plupart des diplomates nous traitent, nous les élus quels qu’ils soient : députés, sénateurs, conseillers AFE et consulaires. Contrairement à la situation en France où les préfets consultent en permanence les élus de leur département sur les décisions importantes, le Quai d’Orsay ne le fait jamais ou quasiment pas. Combien de décisions de fermeture de consulats, d’instituts, de vente de locaux, de suppressions de postes avons-nous appris par la vox populi ou par la presse? Dénégations vives de l’ambassadeur ou du consul général, pour finalement constater que la décision, tombée du ciel, est bien réelle.

L’essai de Vincent Jauvert fourmille d’exemples et de cas précis : c’est ce qui en fait la force. La gestion de l’immobilier est probante. Vendre des ambassades ou des résidences à 10 voire 50 millions d’euros est plutôt de bonne politique. Une résidence à 5 millions sera tout à fait adaptée. Ce qui est critiquable, c’est que le produit des ventes sert surtout à réduire le déficit de l’État, mais non au gros entretien et travaux du parc existant. Le résultat est le mauvais état de nombre de nos immeubles à l’étranger et les dépenses élevées de remise en état lorsqu’il n’est plus possible d’attendre que le toit s’effondre.

Le chapitre sur les rémunérations disproportionnées des ambassadeurs nous apprend beaucoup sur un système opaque et verrouillé. L’auteur malheureusement ne parle pas des rémunérations et primes très insuffisantes des personnels de catégorie B et surtout C. Le fait du prince dans les nominations et surtout dans les « liquidations » montre que le Quai reste une des dernières monarchies en France.

Beaucoup d’autres chapitres passionnants à lire et utiles dans nos rapports futurs avec cette vieille dame surannée qu’est le Quai d’Orsay.

Mais pour finir, je veux dire qu’il y a beaucoup de personnes de grande qualité qui y travaillent sans pleurer leurs heures et leur énergie, qu’il y a des ambassadeurs clairvoyants sur le pays où ils représentent la France et qu’il y a des consuls courageux qui font des merveilles particulièrement en période de crise.