LAFRANCEESTCHARLIE

Chères et Chers Compatriotes,

« Liberté, Liberté chérie », c’est cet ardent couplet un peu moins connu de la Marseillaise, notre hymne national, que nous avons, nous Français de l’étranger, entonné et entonnerons encore ce dimanche dans une émouvante ferveur dans nos ambassades et nos consulats aux quatre coins du monde en hommage aux victimes des attentats qui viennent de frapper en plein coeur d’un Paris martyrisé, d’ensanglanter et de terrasser avec une violence indicible notre pays qui porte depuis trois jours le deuil national au son funèbre du glas des églises de France et des sanglots des familles et des proches. « En fût-il chanté plus ardemment ? »

Dans un élan spontané et irrépressible d’union nationale, la communauté française de l’étranger a voulu clamer que, même au loin et au très loin, elle restait soudée et faisait corps avec la Nation et qu’elle se tenait, elle aussi, et se tiendra toujours debout, avec dignité, pour crier bien haut « l’évidence de sa liberté » et faire front contre la barbarie avec une fermeté et une détermination inébranlables.

En ce dimanche 11 janvier 2015 qui fera date dans l’histoire, la Nation toute entière, citoyens de toutes origines, de toutes confessions, de tous âges et de toutes conditions, est appelée à se lever et à marcher de la place de la République à Nation à la mémoire des victimes et pour la défense de nos valeurs, inscrites aux frontons de toutes les mairies de France, et conquises si durement par « le sang, la peine, la sueur et les larmes » de tous ceux, humbles et puissants, qui ont forgé notre République et bâti patiemment, pierre à pierre, notre démocratie si chère et pourtant si fragile.

Aux côtés de beaucoup d’entre vous qui le pouvaient, je me mêlerai à cette « vague humaine », à cette « houle vivante sous le tricolore » qui se déploiera dans la capitale conduite par de nombreuses personnalités françaises et les cinquante Chefs d’Etat et de gouvernements étrangers, dont le Président palestinien et le Premier Ministre israélien, qui ont tenu à marquer leur solidarité à notre pays dans les circonstances très douloureuses qu’il traverse et à témoigner de l’amitié que leurs peuples portent à la place précieuse et irremplaçable que tient dans leur coeur et dans le concert des nations la France éternelle.

J’irai ensuite me recueillir sur chacun des lieux où sont tombées ces dix sept destinées fauchées par une fatalité révoltante et dérisoire et mêler mon bouquet, votre bouquet, aux montagnes d’autres, tout aussi tristement dérisoires, qui ornent désormais les trottoirs de Paris.

A toi, Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré, Bernard, Mustapha, Elsa, Frédéric, Michel, Franck, Ahmed, Clarissa, Yoav, Philippe, Yohan et François, à toi le chrétien, le musulman, le juif et l’athée, reposez en paix, vous resterez à jamais dans nos coeurs.

En cet instant, nous formons tous le voeu le plus ardent (allez! nous savons bien que vous nous le demandez un peu aussi) que vos vies et votre sang versé si injustement, sachent mener la France, en ce jour inouï de communion nationale, sur le chemin de la paix et de la concorde.

« Si vous saviez comme vous êtes tous pareils ! » dira le Général de Gaulle dans ses mémoires quand il décrit cette foule en liesse qui l’acclame quand il descend à pied les Champs Elysées à la Libération. A la sortie de la seconde guerre mondiale la tâche de réconciliation nationale paraissait pourtant insurmontable.

Nous saurons faire taire notre immense colère, tenter de conjurer le renoncement dans l’union sacrée et abolir les lâches compromis et les arrangements à la petite semaine. Nous ne laisserons plus nos dirigeants à « leur petite soupe sur leurs petits feux dans leurs petites marmites ». Plus rien ne sera comme avant.

Mais pour l’heure, dès lundi, par delà les postures idéologiques et les beaux discours, il faudra rétablir en tous lieux du territoire national la sécurité, première des libertés et liberté de tous. La tâche est grande mais nous avons pour nous le génie français et la force de l’espérance.

Avec une gratitude toute particulière pour le courage immense des forces de l’ordre,
Vive la République, Vive la France et que Vive la Liberté !

Francis NIZET, Conseiller Consulaire.
Blog : http://nizet-afe.typepad.fr