Vendredi 26 janvier 2024  Café Bel Campo
De Hallen Amsterdam
Hannie Dankbaarpassage 10, 1053 RT Amsterdam

Un entretien mené par Pierre-Pascal Bruneau de la librairie française,
Le Temps Retrouvé

« (…) je revendique mes provenances et mes constructions plurielles, être à la fois juive et laïque, tunisienne et française me sentir grecque en Grèce, Italienne en Italie, et tout autant méditerranéenne, mélanger en moi l’Orient et l’Occident. Une séfarade d’Europe selon la formule du Hida. Rien de figé ni d’assigné. De la fluidité avant tout. Des racines, certes, mais pour mieux m’en détacher. » La famille de Pantin, Pages 182 et 183

Michèle Fitoussi, journaliste et éditorialiste au magazine ELLE, a écrit treize livres, dont plusieurs biographies très remarquées, Helena Rubistein, la femme qui inventa la beauté (Grasset, 2010) et Janet, biographie de Janet Flanner, première correspondante du magazine The New Yorker, à Paris (JC Lattès, 2018). Avec Ma famille dePantin, Michèle Fitoussi nous parle de sa famille. Française, née en Tunisie de parents et de grands-parents français, elle y a vécu les cinq premières années de sa vie. Ce récit est touchant mais aussi très intéressant parce que Michèle Fitoussi mêle intelligemment l’histoire de sa famille à celle des juifs de Tunisie. Sans pour autant lasser le lecteur avec trop de détails et de références savantes, elle situe l’histoire de sa famille dans un contexte historique qui donne une dimension beaucoup plus large à son récit. Elle raconte avec chaleur et affection l’histoire de ses oncles et tantes, de ses parents, des amis et des proches et souligne l’importance des origines géographiques : les juifs Granas, originaires de Livourne en Toscane, venus d’Espagne et du Portugal, sont snobs et regardent de haut les juifs Touansas (ou Twansa), plus nombreux et souvent pauvres, originaires du Maghreb. Mais les distinctions ne s’arrêtent pas à ces deux communautés et l’on découvre la grande diversité des juifs tunisiens : « Un Juif de la Hara et un Juif bourgeois, un Juif italien et un Juif djerbien, un Juif sioniste et un Juif nationaliste, un Juif communiste et un Juif religieux, n’avaient pas grand chose en commun » (page 177). Et puis il y eut le décret présidentiel de 1910 et la loi Morinaud de 1923 (équivalent tunisien du Décret Crémieux de 1870, pour les juifs d’Algérie) qui permettront aux juifs tunisiens d’acquérir la nationalité française. Un quart des juifs de Tunisie, soit environ vingt cinq mille personnes, adoptera la nationalité française. Dès lors cette communauté juive, éduquée et cultivée, n’aura de cesse que de se franciser. Les prénoms juifs ou arabes deviendront français, un Choua devenant Charles et une Myriam devenant Marie. Le français sera leur langue. Les juifs tunisiens naturalisés français adopteront ainsi la culture, les coutumes et les habitudes françaises, laissant de côté (sauf certaines traditions culinaires) leur héritage méditerranéen. Cette loi, comme en Algérie, creusera définitivement un fossé entre les juifs et leurs voisins « arabes » qui eux resteront jusqu’à l’indépendance des citoyens de second rang. La France, celle de Vichy, les abandonnera.

Cependant, le Bey, avec le consentement de Jean-Pierre Esteva, le résident général, protégera les juifs des lois scélérates, avec l’aide de la population musulmane. Tout basculera lorsque les allemands occuperont la Tunisie, pendant six mois, en 1942, jusqu’à l’arrivée des alliés en 1943. Les juifs vivront alors des moments très difficiles : rafles, privations, amendes exorbitantes exigées des communautés juives, enrôlement forcé dans des camps de travail (en Tunisie). Un sort certes peu comparable aux atrocités de la Shoah mais une vie très dure, néanmoins. Après la guerre, l’indépendance venue en 1956, le gouvernement du Néo-Destour d’Habib Bourguiba fera preuve de tolérance vis-à-vis de la communauté juive. Cependant, l’arabisation du pays, et notamment l’imposition de la langue arabe comme langue officielle, poussera la plus grande partie de la communauté à émigrer vers la France ou Israël. Aujourd’hui la communauté juive compte moins de deux milles personnes, dont la majeure partie vit à Tunis.

Pierre-Pascal Bruneau

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Programme
19h45 accueil
20h00 début de l’entretien
21h00-21h10 fin de l’entretien 
21h15 à 22h00 vente des livres et dédicace
22h00 fin de l’événement

Programma
19h45 inloop
20h00 begin met gesprek 
21h-00-21h10 einde gesprek en vragen 
21h15 tot 22h00 signeren boeken door auteur / boekenverkoop
22h00 einde

La carte d’Ami de l’Échappée Belle est individuelle. Seul le titulaire peut bénéficier du tarif réduit.
De Échappée Belle Card is een individuele kaart. Alleen de houder kan profiteren van het gereduceerde tarief.

Le nombre des participants étant limité, merci de réserver vos places dès que possible. Les places annulées moins de vingt-quatre heures avant la soirée littéraire ne pourront faire l’objet d’un remboursement ou d’un report.
Het aantal deelnemers is beperkt. Reserveer daarom zo snel mogelijk. Tickets die minder dan vierentwintig uur voor de literaire avond worden geannuleerd, kunnen niet worden terugbetaald of uitgesteld. L’Échappée Belle reçoit, pour cette soirée, le soutien du CNL et de  BNP Paribas. Les soirées littéraires sont organisées en association avec la librairie Le Temps Retrouvé.
L’Échappée Belle wordt gesteund door CNL en BNP Paribas. De literaire avonden worden georganiseerd in samenwerking met boekhandel Le Temps Retrouvé.