Pourquoi nous, Français, nous devons nous réinventer. Dans le domaine de l’organisation de la vie démocratique, nos hôtes néerlandais ont des pratiques intéressantes. Afin de répondre au mieux au défi de la participation citoyenne et de l’inclusion sociale en ces temps de crise sanitaire, le gouvernement a décidé d’adapter l’organisation du scrutin national de la mi-mars sans en changer la date initiale.

Ainsi, à Amsterdam, chacun pourra voter librement dans n’importe lequel des 450 bureaux de votes qui seront ouverts le mercredi 17 mars, tôt le matin, à 07:30, jusqu’à tard le soir, à 21:00. Pour diminuer l’affluence ce jour-là, 50 bureaux de vote seront ouverts à ces mêmes horaires, les lundi 15 et mardi 16 mars pour les personnes âgées ou les plus vulnérables. Dans certains bureaux de vote, des dispositifs spéciaux permettront aux malvoyants ou aveugles, aux malentendants et sourds, et également aux personnes à mobilité réduite, de pouvoir voter le plus possible en autonomie. Pour ceux qui le souhaitent, on pourra aussi voter dans sa voiture ou sur son vélo dans des rues spécialement aménagées. On peut en sourire, mais l’administration municipale ne fait pas cela pour remporter le prix de l’humour en politique, mais pour répondre aux attentes des votants en terme d’accessibilité. On peut aussi voter par correspondance (par la poste).

Aux Pays-Bas, on vote au moyen d’un crayon à papier de couleur rouge. On met une croix – et une seule – sur la case à cocher d’un seul et unique candidat. Cela permet le « panachage », c’est à dire la possibilité de choisir dans une liste de candidats d’un parti, une personne « en particulier » et non obligatoirement la tête de liste (certains votants choisissent ainsi de voter pour la première femme dans la liste de leur choix). Le panachage permet au citoyen de corriger ce que les partis en interne ont décidé.

Ces détails illustrent la capacité des pouvoirs publics à répondre aux besoins du plus grand nombre, et notamment des minorités les plus diverses, sans jamais compromettre l’équité générale. Ce scrutin national néerlandais sera aussi l’occasion d’observer l’efficacité d’un modèle démocratique très différent de celui de la France : un seul tour de scrutin d’élection nationale pour faciliter l’organisation et réduire les coûts. Un scrutin proportionnel à 100% pour garantir une juste représentativité de l’ensemble des opinions à l’assemblée nationale. Un gouvernement de coalition, avec plus de 50% de soutien populaire, pour cimenter l’entente nationale.

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur cette élection et sur ses enjeux, je vous signale un échange en ligne organisée (par le comité LREM aux Pays-Bas) avec Joris Backer, sénateur néerlandais (D66), le jeudi 4 mars à 18:00 (inscription via le formulaire : https://forms.gle/bf2ohHDyEQwEn1KM7).

Après près de vingt ans aux Pays-Bas, je suis toujours impressionné par l’efficacité néerlandaise. Et j’aimerais que mon propre pays, la France, s’inspire un peu plus de solutions qui ont fait leur preuve à l’étranger. Sur le plan de la démocratie, on pourrait bien sur, en France, s’inspirer de ces pratiques, mais il ne serait pas facile de les mettre en œuvre dans le cadre – malheureusement dépassé – de la 5ème République.

C’est pourquoi nous, Français, nous devons nous réinventer, pas seulement sur les conditions d’accessibilité au vote pour les élections, mais aussi sur le fonctionnement démocratique global et la capacité des pouvoirs publics à répondre plus rapidement aux aspirations de nos concitoyens. En commençant par imaginer – sans tabou – l’idée d’une grande transformation institutionnelle en France, avec l’esquisse d’une nouvelle république qui permettrait de mieux répondre aux besoins des Français d’aujourd’hui.

Je vous souhaite à tous un bon début de printemps.

Tanguy LE BRETON
Président de l’Association Français des Pays-Bas