Eef Gratama - Eric Fottorino

Eef Gratama – Eric Fottorino

Qui est Eef Gratama ?

Eef Gratama : Hayaise d’adoption, née à Bilthoven, près d’Utrecht. Une amoureuse de la culture française. Diplômée de La Sorbonne et de l’Université d’Amsterdam. Interprète auprès des tribunaux et des cabinets de notaire. Traductrice, depuis 1988, de littérature française, d’Eric Fottorino à Yasmina Reza en passant par Sylvain Tesson, Amin Maalouf, Thimothée de Fombelle, Delphine de Vigan, Ludovic Roubaudi, Monica Sabolo ou Eric-Emmanuel Schmitt. Traductrice également de textes culturels et historiques : d’Emmanuel Le Roy Ladurie à Fernand Braudel en passant par Denis Diderot et Georges Duby.

Notre-Dame de Paris

J’ai habité sur l’ile Saint-Louis en 1980-81. Je passais cinq fois par semaine devant la cathédrale Notre-Dame, pour aller à La Sorbonne. Je l’ai bien souvent visitée. Un souvenir récent : je me suis rendu à la cathédrale dans le weekend du 6 au 7 décembre 2018. Les santons y étaient installés dans la crèche de Noël provençale. Le menuisier en train de raboter m’a séduit, en particulier. Nous avons fait le tour du chœur, Jorad, mon mari, et moi, pour admirer les boiseries. La lumière du soleil perçait à travers les rosaces. Quel souvenir. Quelle douleur cette sinistre soirée du 15 avril.

Fottorino ?

Eef Gratama : Un romancier à la plume très forte. J’attends toujours impatiemment ses publications. Ma rencontre littéraire avec Éric Fottorino, ce fut en 2005. La maison d’édition Wereldbibliotheek m’avait demandé de traduire Caresse de rouge. Je ne connaissais pas encore l’auteur. Il m’a beaucoup plu. Je me suis lancé dans la traduction. Le roman m’a tenue en haleine, du début à la fin. Ce fut trois mois d’un travail intensif, à plein temps.

Fottorino puise dans son passé. La question de l’identité, la quête des origines, sont des thèmes prépondérants dans son oeuvre : Qui suis-je ? D’où viens-je ? Dans Caresse de rouge, il tisse une intrigue passionnante, construit le suspense autour de personnages hantés par l’absence de la mère et du père. Et quoique l’on pressente le dénouement, celui-ci arrive comme une claque.

La mère est omniprésente du fait même de son absence dans Caresse de rouge mais reste une figure vague. Derrière le père, la mère. Et une fin infiniment tragique. Cette recherche du père et de la mère est un élément qui revient aussi dans d’autres romans, je pense par exemple à Questions à mon père. Et Dix-sept ans, bien évidemment. La voila cette mère, soudain, enfin, très présente. On comprend le comment et pourquoi.

Un plume très forte

J’admire la façon dont Fottorino dit des choses très fortes, très succinctement. Il a des trouvailles fabuleuses. Il joue avec brio de la langue française. Le métier du traducteur, c’est rendre le style et le rythme de l’auteur dans la traduction mais de telle sorte que le texte se lise comme un texte néerlandais.

Fottorino m’a parfois vraiment posé des colles, par exemple dans Caresse de rouge :

« C’est difficile de tuer un dimanche. Avant, j’adorais le dimanche. Le croissant du matin, les courses chez le poissonnier. Sur le visage de mon fils, je lisais tous les horizons joyeux que lui ouvrait ma commande rituelle : un filet de Colin. Qu’il pût se changer en poisson, qu’un saumon blanc de l’Atlantique portât son prénom, voilà qui le remplissait d’une intense fierté. » (P. 62)

Le mot ‘Colin’ n’existe pas en néerlandais, alors on perd la finesse. Que faire ? Finalement, j’ai décidé de garder ‘Colin’ avec une petite explication pour faire comprendre le jeu de mot. En néerlandais cela donne :

« Het is moeilijk om de zondag door te komen. Vroeger vond ik het juist heerlijk als het zondag was. Ontbijten met een croissant en dan boodschappen doen bij de visboer. Op het gezicht van mijn zoon zag ik de voorpret om de bestelling die ik steevast deed: een stuk filet de colin. Dat hij kon veranderen in een vis, dat witte koolvis uit de Atlantische oceaan in het Frans zijn voornaam had, dat was iets waar hij reuzetrots op was. » (P. 60)

Autre exemple :

« Oui, un cadeau pour la vie ‘ a fini par articuler la femme et toutes ses années se sont replacées sur son visage. »

Ma traduction :

« Ja, een geschenk van het leven,’ wist de vrouw tenslotte uit te brengen en al haar jaren werden weer zichtbaar in haar gezicht. » (P. 56).

Dix-sept ans

À propos de Dix-sept ans, c’est la réhabilitation de la mère. Il la comprend, la mère. Après avoir rétabli le père, il rétablit la mère. J’aimerais bien traduire ce beau roman. Je vois déjà quelques superbes exemples de défi.

« Je préférais avancer droit devant, au petit bonheur la chance, comme disait Lina qui n’avait eu ni bonheur ni chance. » (P. 42).

Deuxième exemple :

« Petit garçon, lorsque Lina me disait : « Tu es né à Nice », je comprenais que j’étais né anis. Ce mot avait un goût de bonbon. Je n’avais pas imaginé qu’il s’agissait d’une ville… » (P. 97)

Que recherchez-vous dans la traduction ?

Eef Gratama : Je cherche à toucher un public de lecteurs néerlandais. Donner ce public à l’auteur français, c’est cela qui me plait : faire le pont. Mon plus grand bonheur, c’est que mes traductions soient aussi bien reçues que les livres sources. Le Zilveren Griffel (prix important pour la littérature destinée à la jeunesse aux Pays-Bas) attribué à Tolbie Lolness de Thimothée de Fombelle dans ma traduction, quel plaisir !

Et les rencontres prochaines avec Éric Fottorino à la Haye le 13 juin et à Amsterdam le 14 juin…

Eef Gratama : J’invite vivement à assister à ces échanges qui seront sans aucun doute passionnants !


La Haye, le 13 juin : Rencontre littéraire avec Eric Fottorino sur le métier de journaliste et d’écrivain.

  • Organisation : Français du monde-adfe Pays-Bas, en partenariat avec l’Alliance française de La Haye, l’Institut français des Pays-Bas et la Librairie nomade.
  • Lieu : Venduehuis, Nobelstraat 5, La Haye.
  • À partir de 19 heures 30.
  • Vente de livre et dédicace.

Inscription : https://www.catherinelibeaut.nl/evenements/rencontre-avec-eric-fottorino-journaliste-ecrivain/

Amsterdam, le 14 juin : Pierre-Pascal Bruneau, de la librairie Le Temps Retrouvé, recevra Éric Fottorino, journaliste, ancien directeur du journal Le Monde, fondateur de la revue Le 1 et co-fondateur de la revue America avec François Busnel et fondateur de Zadig une toute nouvelle revue. Éric Fottorino parlera de son dernier livre, Dix-sept ans, dans lequel il relate l’histoire difficile de sa naissance et de ses origines.

  • Lieu : Libraire Le Temps Retrouvé (Keizersgracht 529 / bel-étage 1017dp Amsterdam).
  • En français et néerlandais (traduction simultanée).
  • Entretien de 20 heures à 21 heures 15.
  • Séance de dédicace : à partir de 21 heures 30.
  • Entrée sur inscription : https://www.facebook.com/events/294704661480847/?ti=icl

Entretien réalisé par Brieuc-Yves (Mellouki) Cadat-Lampe.

La venue de l’auteur de 17 ans aux Pays-Bas a été rendue possible par l’entremise de Mellouki Cadat-Lampe entre Éric Fottorino et Pierre-Pascal Bruneau. Éric et Mellouki se connaissent depuis la publication par ce dernier de Brieuc-Yves Cadat ou les mystères d’un Breton de l’Atlas noir de peau…, dans Mille et un soleils. Paroles du Maghreb en France, ouvrage paru en 1995 aux éditions Stock sous la rédaction d’Éric Fottorino.

Mellouki Cadat-Lampe est ancien conseiller consulaire, membre fondateur de l’Association Français des Pays-Bas et membre de la fondation L’Échappée Belle.


En savoir davantage sur les ouvrages traduits par Eef Gratama ?

Visitez son site : www.EefGratama.nl

 

 

 


Les initiatives d’Éric Fottorino :

Afbeeldingsresultaat voor LE 1HEBDO NOTRE DAMELe 1, hebdomadaire :
le1hebdo.fr

 

 

 

Afbeeldingsresultaat voor FOttorino busnel america America, le magazine :
www.america-mag.com

 

 

 

Afbeeldingsresultaat voor zadig le magazineZadig, le magazine :
www.zadiglemag.fr