En avril ne te découvre pas d’un fil ! Et pourtant, les cigognes sont de retour, présentes partout en Lettonie et Lituanie, occupées dans leur nid et dans les champs à la recherche de nourriture, rappel que les beaux et longs jours reviennent. Elles s’inscrivent dans une migration annuelle, entre le Sud et le Nord, nécessaire à leur espèce et qu’elles s’imposent pour des raisons climatiques. Il en est déjà de même pour certains réfugiés climatiques du Bangladesh, de Tuvalu ou des Maldives. Les migrations deviennent cependant contraintes et définitives. S’y ajoutent la guerre, la pauvreté, les crises sanitaires. Les raisons sont trop nombreuses et souvent le fait de l’Homme qui oublie combien il est vulnérable. Le tremblement de terre au Népal, l’irruption volcanique au Chili sont autant de rappels.

Capables du meilleur comme du pire dans un combat entre solidarité et barbarie nous n’avons pas le choix. Le Nord et le Sud doivent préparer l’avenir ensemble. La Méditerranée, cette mer du milieu qui est devenue la mer « du malheur » doit redevenir celle qui lie des hommes au destin solidaire et non celle qui les sépare. La rénovation récente du radeau de la Méduse, ce tableau peint par Jéricho en 1818, nous rappelle opportunément que le commandant Hugues Duroy de Chaumareys dont la lâcheté et l’égoïsme provoquèrent la mort de 130 personnes qu’il avait conduites « aux frontières de l’existence humaine » existe encore. Son comportement est intemporel. Vouloir défendre la solidarité entre les hommes n’est pas seulement affaire de moralité mais de courage politique.
Bien à vous.
Hélène Conway-Mouret
Sénatrice des Français établis hors de France
Ancienne Ministre déléguée chargée des Français de l’étranger

Extrait de La Lettre d’Hélène Conway-Mouret (mai 2015)