Par Tanguy LE BRETON, conseiller des Français de l’étranger élu aux Pays-Bas.

La première réunion de ce conseil consulaire, que j’avais appelé de mes voeux il y a plus de 8 ans, dès 2014, s’est enfin tenue et s’est bien passé. Jusqu’alors, ma collègue élus Catherine LIBEAUT, s’était opposée, chaque année, et sans donner de raison valable, à la tenue de ce conseil consulaire pourtant si important pour notre communauté puisqu’il s’agit d’examiner la politique culturelle de la France aux Pays-Bas, principalement l’action de l’institut français (action culturelle, francophonie, coopération linguistique, éducative, universitaire et scientifique). Je me suis donc réjouit qu’elle ait enfin changé d’avis et accepté le principe de cette réunion qui s’est tenue le 9 mars à 16:00 à l’ambassade de France à La Haye et en téléconférence pour ceux qui le souhaitaient. Les participants à cette réunion : les 5 conseillers des Français de l’étranger élus aux Pays-Bas, des représentants du consulat, les responsables par domaine du service culturel de l’ambassade de France (culture et soutien aux alliances françaises, coopération linguistique, coopération scientifique et universitaire), les représentants des associations représentatives (UFE et Français du monde ADFE).

Nous avons pu entendre les responsables en charges des politiques mise en oeuvre par la France aux Pays-Bas, et notamment (1) de la politique culturelle et scientifique : ses objectifs et ses moyens avec une introduction faite par le directeur de l’institut français des Pays-Bas et conseiller de coopération et d’action culturelle. Nous avons ensuite (2) été informés de l’agenda culturel à venir de l’Institut Français des Pays-Bas (IFNL) et des Alliances Françaises aux Pays-Bas. Idem (3) pour ce qui est de l’agenda des événements scientifiques et du suivi des activités des associations Français langue maternelle (FLAM) (3). Je regrette que Catherine LIBEAUT n’ai pas accepté, comme je le lui ai demandé, d’inviter pour ce conseil les acteurs associatifs et les fondations qui agissent, parfois mieux que l’Etat français et avec moins de moyens financiers ; je pense notamment à la fédération des 33 alliances françaises, aux fondations Echappée Belle, le festival de cinéma Tapis Rouge, ou encore au réseau des professeurs de français, etc. Peut-etre pourrions-nous organiser plusieurs conseils consulaires, cette fois en invitant tous les acteurs, mais en limitant l’ordre du jour à un seul des domaines : un pour la culture, un pour les questions de langue française, un pour les questions de coopération universitaire et scientifique qui aborderait aussi l’équivalence des diplômes entre la France et les Pays-Bas.

1) La politique culturelle et scientifique : ses objectifs et ses moyens

L’Institut Français des Pays-Bas, dont il est bon de rappeler le statut d’autonomie financière, est composé de trois départements : le pôle linguistique, le pôle culturel et le pôle universitaire et scientifique qui disposent chacun d’un chargé de mission. Il est de taille moyenne par rapport à d’autres Instituts Français dans le monde. Sur le plan budgétaire, il y a 2 ans, la masse salariale représentait 50% des dépenses. Aujourd’hui, elle en représente 35%, en raison de l’augmentation des recettes et malgré une augmentation du personnel. Le taux d’autofinancement de l’IFNL se situe aujourd’hui à hauteur de 50% pour un budget annuel de 1.2 MEUR. Les budgets d’interventions sont d’environ 100 000 EUR par secteur.
L’IFNL développe la coopération franco-néerlandaise et la mobilité pour les étudiants et les chercheurs. Pour ces derniers, il existe les bourses Descartes, Van Dongen et les programmes PHC Van Gogh. La contribution de l’IFNL pour ces bourses est de 140.000 euros par an. La question de la mobilité est une priorité pour l’IFNL : il y a une réelle volonté de créer des liens et des connexions.
L’Institut a perdu, avec la fermeture de la maison Descartes en 2016-2017, une communauté d’intérêt à Amsterdam et des outils (cinéma, médiathèque) qui lui donnaient une visibilité. Cependant, ces pertes ont permis de concevoir la mission de diplomatie d’influence de l’IFNL autrement, de sortir d’Amsterdam et travailler différemment. L’Institut s’est ainsi mis à la recherche de partenaires dans tous les Pays-Bas (dans des lycées, musées et via d’autres prospections permettant de développer des partenariats dans le but de réduire les coûts, diversifier le public et se baser de manière croissante sur les Alliances françaises).
L’IFNL travaille actuellement sur une cartographie sur leur site Internet qui permettra de visualiser les programmes et leur action à travers le pays. L’Institut a amélioré ses outils de communication : en premier lieu, son site internet ; son podcast intitulé « Passage(s) » diffusé sur la radio Salto une fois par mois, dont l’objectif est la rencontre entre des personnalités françaises et néerlandaises ; ses réseaux sociaux Instagram, LinkedIn, Facebook ; sa chaîne YouTube. Dans les secteurs universitaire et scientifique, le réseau France Alumni aux Pays-Bas est un nouvel outil lancé à la fin de l’année 2022.
L’IFNL propose des bourses et des programmes d’échange permettant à de jeunes étudiants des Pays-Bas de découvrir le système français. L’IFNL travaille notamment avec l’université d’ingénierie aérienne et maritime, en pointe sur les technologies disruptives, située à Delft. Cela lui permet de cofinancer un programme conjoint de recherche sur l’aviation et les projets maritimes durables avec de grandes entreprises françaises et néerlandaises. L’IFNL souhaite que l’année 2023 soit une « année quantique » dans plusieurs domaines : les technologies de pointe et les chaînes d’approvisionnement en semi-conducteurs notamment.
Le pôle universitaire travaille en ce moment sur les enjeux mémoriels : il prévoit l’organisation d’un événement au début du mois de juillet 2023 au musée du judaïsme d’Amsterdam, en coopération avec la Sorbonne.
Le pôle éducatif et linguistique organise en ce moment le projet « Vive Vermeer ». En partenariat avec le lycée Van Gogh, les enfants et adolescents concernés se voient proposer de s’approprier, chacun à sa façon et par le moyen artistique qu’ils souhaitent, des tableaux de Vermeer. Une plateforme a été créée pour que les différentes œuvres soient exposées. Un autre projet est actuellement mené par ce pôle au sein de maisons de quartier à Rotterdam : une série d’ateliers permettant aux enfants de familles issues de l’immigration d’apprendre le français et de découvrir ainsi la culture voire de rétablir, par des entretiens sous forme de jeux de rôle, leur « héritage » linguistique et le lien intergénérationnel avec des membres de leurs familles francophones. L’IFNL souhaite développer ces ateliers à La Haye et Amsterdam. Enfin, les étudiants francophones ont également la possibilité de participer aux Choix Goncourt pour les Pays-Bas.
La journée de la francophonie aura lieu le 20 mars avec de nombreux évènements en soirée. Le 24 mars, le festival Kaboom aura lieu à Utrecht et Amsterdam et il y aura des projections de courts-métrages francophones.

A propos de la certification en langue française dans les écoles, le DELF scolaire, il y a plus de 2 000 élèves français ou néerlandais inscrits chaque année aux Pays-Bas. Les établissements scolaires doivent payer 400 euros par an. Pour les candidats, le prix de l’inscription aux examens – entre 50 et 100 EUR) s’accroît en fonction du niveau passé (A1