Un entretien avec Magali Michaut, à l’occasion de la parution de son premier album, Impressionniste.
Mellouki Cadat-Lampe
Association Français des Pays-Bas

Magali Michaut est auteure-compositrice-interprète et multi-instrumentiste. Une impressionniste de l’écriture, de la musique, réunies dans ses chansons. Magali chante par petites touches, d’émotion en émotion. A propos du titre qui donne son titre à son premier album sorti le 27 août dernier : « Impressionniste, c’est parti d’une chanson. Écrite sur ma terrasse. L’album peint des scènes de la vie, des saisons de ma vie. L’album se déroule peignant des moments vécus, plus ou moins longs, furtifs, aux couleurs différentes, et oui, c’est parfois la grisaille ».

Chansons scènes, album saisons. Magali est une nomade. De pays en pays, de saison en saison, de concert en concert dans plus de dix pays, elle enfile les chansons, affûte ses textes, sa voix, et son style.
Chacun de ces pays visités, goûtés, appris, ceux-là sont ses pays. Chaque pays est une saison. Chaque pays appartient à une phase de sa vie, a façonné sa vie, aussi. Ce qu’il se passe dans la vie, dans la sienne, cela se retrouve dans sa poésie musicale : les langues qu’elle apprivoise ; les cultures qu’elle fait siennes. Depuis 15 ans déjà. Et cette année-ci, elle nous offre Impressionniste, son tout premier album.

Impressionniste
Impressionniste est né de la saison des Pays-Bas, s’est nourri de celle du Danemark. L’avant-saison, ce fut la vie en France, la formation classique de violoniste. Ensuite, il y a eu le voyage au Canada : Magali y écrit. Une ballande intérieure axée sur les mots, le texte. Une sorte de demi-saison à la recherche du sens.
Les Pays-Bas, Magali y arrive en 2011. Sans idée préconçue. Il y a un processus, un mûrissement. Peu à peu s’installe une sorte de distance par rapport à des textes qu’elle a écrits mais n’a encore jamais chantés en public. Ils sortent d’elle, en quelque sorte. Elle en prend conscience. Ils s’objectivent. Elle les partage parfois, à titre privé, avec sa famille. Le déclic vers le public, c’est un événement local. 2013 : la musique participative se voit offrir un espace dans le conseil d’arrondissement d’Amsterdam Ouest. Magali se décide. Elle va se produire sur une scène ouverte, dans un petit théâtre de quartier. C’est la toute première fois qu’elle partage en public son chant, ses textes, sa musique. Elle devient artiste-interprète.

Guitare
La guitare, de Magali, c’était déjà un partage, avant même d’écrire des chansons. Un partage avec les amis. Une approche de l’autre par les accords. Pourquoi cet instrument au regard de sa formation classique ? « C’est le plus pratique pour les déplacements et puis pour accompagner une chanson sans la connaître ». Une sorte d’extension naturelle des partages musicaux autour des feux de camps entre amis. Sa première guitare électro-acoustique, elle l’achète à Amsterdam. Branchable. La toute dernière, toute nouvelle, elle vient du Canada. « C’est une guitare d’Art & Lutherie. Elle va bien avec moi, avec ma voix. Elle est un peu foncée de couleur. »

Voix
« Ma voix, c’est moi. Au fur et à mesure des saisons, ma voix à évolué. En fonction de la voie que j’ai trouvée dans ma vie. Ma voix, je l’ai apprivoisée : découverte, approchée, travaillée. Ça fait partie du corps, la voix, ça remue corps et âme. Ça reflète l’état de soi. » Magali a une formation classique de solfège, mais sans vraiment de notion de chant à proprement parler. Alors elle a suivi des sessions de coaching vocal à Paris avec Damien Silvert. « Ma voix s’est élargie. Le son de ma guitare est en complémentarité. »

Vie
La vie de Magali, la nomade, s’est élargie au fil de ses voyages, de par le monde. La musique y a joué sa partie. Le séjour à Amsterdam est décisif. Magali : « On avance dans la vie, on apprend à mieux se connaître. J’avance en accord avec qui je suis, avec ce que je veux et ce que je découvre de moi. »

Textes
Magali : « J’ai plus d’expérience, un regard plus critique et professionnel sur mes textes, ce que j’écris pour mes chansons. A l’aspect instinctif, j’ai ajouté un aspect plus travaillé et réfléchi. J’ai une vision plus analytique. » Magali a suivi des ateliers d’écriture. L’idée de prise de distance avec ce qu’elle écrit revient dans ses choix. Magali ordonne l’expression de ses impressions. « J’ai fait le choix de l’écriture en français, là où avant je m’exprimais parfois en anglais. Le français, c’est maintenant ma direction. Je peux aller beaucoup plus loin dans le travail d’écriture, dans les détails, dans l’interprétation, tout en respectant qui je suis. »

Comment faire sans
Son titre préféré dans l’album Impressionniste ? Magali : « cela dépend du moment, de mon rapport à l’autre. En ce moment, c’est Comment faire sans. C’est une chanson qui commence à prendre vie en concert. Je l’ai écrite à l’occasion de la perte de ma maman. » La chanson prend en concert. Il y a une dynamique. « C’est une chanson qui me permet d’avancer par rapport à mon deuil et de penser à ma mère de façon positive ; de partager avec elle ; de danser avec elle. La vie continue. »

Amis
Il y a bien sur les amis avec qui Magali a enregistré. L’album Impressionniste a fait l’objet d’un travail d’arrangement progressif : « C’est ce que je voulais. Explorer le processus d’arrangement pour faire avancer les chansons. Au départ je ne connaissais pas grand monde à Copenhague. Quand j’ai créé l’association des Chansons françaises au Danemark, ça a été l’occasion de rencontrer des francophones et des musiciens. Mon violoncelliste, Samuel Künstler, est français mais vit au Danemark depuis une dizaine d’années où il travaille en orchestres. Le violoncelle est un élément clef pour mon album. Et puis j’ai rencontré aussi Fred Rejle, à la guitare et Niels Knüdsen, à la contrebasse. Quand je suis allée au Café Intime, où il y a une scène ouverte pour chanteurs, j’ai fait la rencontre de mon pianiste, Lars-Emil Riis, Je l’ai invité en concert, à me joindre au piano sur certaines chansons. Cette façon de faire, de se rencontrer, c’est mon style. Sur chaque chanson je peux avoir des invités. Ça produit une musique impressionniste, touche par touche, des surprises, des harmonies, des émotions…. Plein de rencontres au fur et à mesure du déroulement du processus créatif et musical. Tout plein d’impressions. »

Studio
« L’album Impressionniste, nous l’avons produit au Soundscape studio à Copenhague. La personne en charge du studio, Louise Nipper, est géniale. Nous avons d’abord discuté ensemble de la vision, puis fait le choix des chansons. Il y a eu un travail de préparation et d’aller-retour entre différents éléments : partitions et répétitions avec les musiciens ; arrangements envoyés à Louise avant d’aller jouer au Studio. Ce fut un vrai plaisir de créer ensemble

Tournée
En tournée, chaque concert a ses spécificités. Le concert de sortie à Copenhague a eu lieu au joli théâtre Reprise. Il y aura aussi un concert de sortie à Paris le 1er décembre à la Manufacture Chanson. Ces deux concerts, c’est avec plusieurs musiciens. Sinon, la tournée, c’est aussi partir seule avec ma guitare et partager avec les gens. C’est le cas aux Pays-Bas à Eindhoven et à Amsterdam. Magali : « Mes concerts sont bien sur centrés autour de l’album, et je combine avec d’autres chansons. Je joue sur certaines variations, à décider sur place. J’interprète par exemple les textes d’autres compositeurs. J’aime jouer sur les surprises de reprises, par exemple avec Jean Ferrat. »

Amsterdam
Jouer à Amsterdam ? « J’ai un peu l’impression de revenir dans l’une de mes maisons. J’y retrouve des amis que j’ai rencontrés à l’époque. Je pense en particulier à Monique qui est la première copine à avoir assisté à mon tout premier concert, en 2013. Elle ne savait pas du tout que j’écrivais. Elle y est venue à mon invitation. Quelle surprise pour elle ! Un beau souvenir… Et puis mon ami artiste Christophe Chaplet avec qui on discute de chanson française, entre autres. Et Amsterdam… c’est aussi le plaisir du « pindakaas dont je raffole » (rire…).

Prendre ses places :

Le clip officiel :

Partir loin…

Le site de Magali Michaut:

Magali Michaut