(source R. YUNG, sénateur)
Erasmus est sans conteste l’une des plus grandes réussites de l’Union européenne. Une récente étude réalisée par des experts indépendants vient d’en apporter une nouvelle preuve.
Créé en 1987, ce programme d’échange a déjà permis à plus de 3 millions d’étudiants de partir dans un autre pays européen pour étudier dans un établissement d’enseignement supérieur ou pour effectuer un stage en entreprise pendant une période de 3 à 12 mois. Au cours de l’année universitaire 2012-2013, plus de 35.000 jeunes Français ont obtenu une bourse européenne pour étudier ou se former à l’étranger.
D’après une étude d’impact commandée par la Commission européenne, Erasmus présente de nombreuses vertus, à commencer par l’amélioration de l’employabilité des jeunes. Lors de leur séjour à l’étranger, ces derniers acquièrent des compétences et une expérience qui renforcent leur capacité d’insertion professionnelle. La majorité d’entre eux présentent des qualités qui sont particulièrement appréciées par les recruteurs (curiosité, tolérance, ouverture d’esprit, confiance en soi, aptitude à résoudre des problèmes, etc.). Il s’ensuit que plus d’un stagiaire Erasmus sur trois s’est vu proposer un poste dans son entreprise d’accueil.
Les anciens Erasmus sont également deux fois moins exposés au risque de chômage de longue durée que ceux qui n’ont pas séjourné à l’étranger. Et, cinq ans après l’obtention de leur diplôme, leur taux de chômage est inférieur de 23% à celui de leurs camarades qui sont restés étudier dans leur pays.
Autre constat très encourageant pour l’économie européenne : la mobilité internationale des étudiants favorise l’esprit d’entreprise. Près d’un étudiant sur dix qui a effectué un stage à l’étranger a créé sa propre entreprise et plus de trois sur quatre projettent de le faire.
Les jeunes ayant bénéficié du programme ont aussi plus de chances d’accéder à des postes de responsabilité au cours de leur carrière professionnelle.
Par ailleurs, il ressort de l’étude qu’Erasmus élargit l’horizon des jeunes Européens. Une fois diplômés, 40% des anciens étudiants Erasmus se sont établis dans un pays étranger (contre 23% des étudiants non mobiles) et 93% d’entre eux s’imaginent facilement vivre à l’étranger plus tard (contre 73% des étudiants non mobiles). De plus, ils sont au moins deux fois plus susceptibles de changer d’employeur lors de leur vie professionnelle que les étudiants non mobiles.
Enfin, les jeunes ayant vécu une expérience Erasmus ont une plus grande propension à former des couples binationaux. Un tiers d’entre eux partagent leur vie avec une personne de nationalité différente, contre 13% de ceux qui sont restés dans leur pays d’origine pendant leurs études. 27% de ces jeunes ont même rencontré leur conjoint lors de leur séjour à l’étranger. Résultat : environ un million d’enfants seraient issus de couples Erasmus depuis 1987!
Ce bilan très positif augure bien de l’avenir d’Erasmus +, qui regroupe désormais sous une seule bannière tous les programmes européens de mobilité (Erasmus, Leonardo, Comenius, Grundvigt, jeunesse en action, Erasmus Mundus). Lancé en janvier dernier, il a pour ambition d’offrir des possibilités de séjour à l’étranger à plus de 4 millions de personnes d’ici à 2020 (étudiants de l’enseignement supérieur, élèves de l’enseignement professionnel et apprentis, enseignants, jeunes volontaires, formateurs, animateurs de jeunesse, etc.). Son budget, qui avoisine les 15 milliards d’euros pour la période 2014-2020, est destiné à financer plusieurs actions prioritaires :
soutien accru à la mobilité des apprentis et mise en place de partenariats entre les centres de formation et les entreprises (« alliances sectorielles pour les compétences ») ;
création de partenariats entre les universités et les entreprises (« alliances de la connaissance ») pour permettre une meilleure adéquation des formations, favoriser une meilleure transition vers le premier emploi et promouvoir l’innovation et l’entreprenariat ;
mise en œuvre de la garantie de prêts pour les étudiants souhaitant effectuer un master dans un autre pays européen (Erasmus Master) ;
ouverture à l’international (les étudiants européens ont la possibilité d’étudier aux quatre coins de la planète et des étudiants des pays tiers peuvent passer 12 mois au sein de l’UE) ;
renforcement du soutien au service volontaire européen.
Il est primordial de soutenir ce nouveau programme d’échange européen car la mobilité constitue un véritable atout contre la crise. Elle est en particulier un outil pour lutter contre le chômage des jeunes, qui a atteint un niveau particulièrement inquiétant (le taux de chômage des moins de 25 ans s’élève en moyenne à 23% dans l’ensemble de l’UE et dépasse 50% dans certains États membres comme l’Espagne ou la Grèce!).