MAISON-DESCARTES-JARDIN-300

Lettre ouverte des élus consulaires Tanguy LE BRETON, Maryse IMBAULT, Brieuc-Yves (Mellouki) CADAT adressée à Jean-Marc AYRAULT, ministre des affaires étrangères et du développement international, pour lui demander de suspendre et de clarifier les projets de vente de la Maison Descartes et de restructuration de l’Institut Français d’Amsterdam.

Cette lettre fait suite à notre précédent courrier envoyé à notre ambassadeur de France aux Pays-Bas début juin et malheureusement resté sans réponse.

Amsterdam, le 30 juin 2016

Monsieur le ministre,

Nous attirons votre attention sur l’absence de réponse à notre courrier adressé à notre ambassadeur début juin, et qui fait état d’une situation préoccupante aux Pays-Bas (1). Nous vous serions reconnaissant de bien vouloir en prendre connaissance et d’y apporter une réponse.

Défaut d’information et de consultation
En tant que premier ministre, vous avez mis en œuvre la loi relative à la représentation des Français établis hors de France (2) et son article 1er : « Les instances représentatives des Français établis hors de France sont les conseils consulaires et l’Assemblée des Français de l’étranger. ».
En tant que ministre des affaires étrangères, vous n’avez malheureusement pas souhaité informer ni consulter ces instances représentatives concernant la vente de la Maison Descartes et la restructuration de l’Institut Français d’Amsterdam.
Personne n’ayant pu encore prendre connaissance du contenu détaillé de ces projets et des documents administratifs associés (études immobilières, avis du comité interministériel de janvier 2014, comptes financiers des différents services sur Amsterdam, décisions administratives, etc.), vous serait-il possible de nous les fournir ?

Incohérence entre les paroles et les actes
Le communiqué publié par l’ambassade de France annonçant que « la France a décidé de réformer son dispositif culturel aux Pays-Bas afin d’y renforcer sa présence (3) » ne semble pas correspondre à la réalité :
• pour les élus que nous sommes qui constatons depuis le début des années 2000 un désengagement progressif de la France aux Pays-Bas sur le plan culturel : fermeture de la cinémathèque, absence d’entretien des bâtiments, suppressions de postes, baisse des subventions de fonctionnement, réduction des aides aux alliances françaises ;
• pour les nombreux personnels de l’Institut français d’Amsterdam concernés par un licenciement ou une perte d’activité ce 1er juillet avec la fermeture du centre de cours de français et de la médiathèque ;
• pour nos hôtes néerlandais et les personnalités – françaises et néerlandaises – qui se sont mobilisées depuis plusieurs mois par des pétitions publiques (5.000 signatures) et articles dans les journaux nationaux français et néerlandais pour demander de ne pas sacrifier la Maison Descartes d’Amsterdam.

« Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ». Les arguments utilisés pour justifier la vente de la Maison Descartes semblent infondés :
• en évoquant des coûts excessifs d’entretien et d’utilisation du bâtiment ; les documents financiers montrent au contraire des coûts très faibles ;
• en affirmant que le bâtiment est surdimensionné et ne répond plus à vos besoins immobiliers sur Amsterdam ; c’est nier la nécessité économique de regrouper dans un seul et grand bâtiment vos services actuellement dispersés dans 4 localisations différentes.
En 2014, notre ambassadeur nous assurait que la vente de la Maison Descartes n’entrainerait aucune remise en cause des missions de l’Institut français. En 2015, notre nouvel ambassadeur nous assurait qu’une alliance française assurerait la continuité des cours de français. Ces engagements ne sont malheureusement pas respectés.

Des décisions qui semblent contraires à l’intérêt économique de votre ministère
L’attention a été attirée depuis 10 ans sur la nécessité de mettre un terme au gaspillage d’argent public d’au moins 300.000 EUR par an sur Amsterdam pour l’utilisation et la location d’immeubles pour l’école française, d’Atout France et de Business France, alors que ces services, qui dépendent de votre ministère, pourraient être logiquement regroupés avec le consulat et l’institut français dans un seul et grand bâtiment.
300.000 EUR par an, c’est 3.000.000 EUR sur 10 ans ; soit l’équivalent de la somme qui est nécessaire pour rénover les ¾ de la Maison Descartes. La vente de la Maison Descartes n’est pas seulement une erreur historique, culturelle et politique ; elle va à l’encontre des intérêts économiques de votre propre ministère aux Pays-Bas.

Demande de suspension et de clarification de ces projets et étude des solutions alternatives
Que ce soit pour la restructuration de l’Institut français ou pour la vente de la Maison Descartes, des solutions alternatives existent et sont à étudier ensemble – en fonction des objectifs de votre ministère – avec les différentes parties et partenaires concernés afin d’éviter ou de diminuer les conséquences dommageables de ces projets. Nous vous demandons de bien vouloir suspendre ces projets et d’engager une consultation avec les élus et les parties concernées.

En vous remerciant par avance pour votre action, nous vous prions de recevoir, Monsieur le ministre, l’expression de toute notre considération.

Tanguy LE BRETON, Maryse IMBAULT, Brieuc-Yves (Mellouki) CADAT
Conseillers et délégué consulaires élus par les Français des Pays-Bas

(1) Loi n° 2013-659 du 22 juillet 2013 relative à la représentation des Français établis hors de France
(2) Lettre ouverte à notre ambassadeur concernant la restructuration de l’Institut Français et la vente de la Maison Descartes du 1er juin 2016
(3) Communiqué de l’ambassade de France aux Pays-Bas du 13 juin 2016